• PARLER C'EST PAS SIMPLE !

    PARLER. À QUEL PRIX...?

    PARLER C'EST PAS SIMPLE !

    L’affaire Weinstein a déclenché une onde de choc dans l’opinion public, suivie d’un vaste mouvement de libération de la parole sur les réseaux sociaux. Des témoignages anonymes pour briser le silence dans lequel se retrouve la plupart des victimes de violences sexuelles, pour crier leur détresse au monde entier. Mais, attention ! Lorsque les faits sont prescrits, lorsqu’aucune plainte n’a été déposée ou qu’elle est classée sans suite, la victime risque d’être poursuivie en diffamation ou dénonciation calomnieuse. C’est la loi !

    Certains agresseurs ne se privent pas d’utiliser le système judiciaire qui leur procure une forte impunité ; autrement dit, un blanc-seing pour continuer.

    Il ne suffit pas de dire : « Parlez ! » pour qu’une victime sous l’emprise de son agresseur, s’autorise à le dénoncer. C’est un long cheminement complexe lié à la peur des représailles, à la honte, à la culpabilité. Dans le cas de harcèlement sexuel, la victime est isolée des autres ; cela fait partie de la stratégie de l’agresseur pour pouvoir exercer son emprise.

    La parole qui dévoile et accuse, est précaire, fugitive. Ce n’est pas parce que vous appelez au secours que l’on a forcément envie de vous entendre. Élire un confident pour sortir du secret, c’est une manière de fuir la relation d’emprise psychologique qui lie la victime à son bourreau. Parler, c’est s’exposer, prendre le risque de ne pas être crue, de tout faire exploser autour de soi, à la manière d’un tsunami. Il faut beaucoup de force et de courage pour franchir la porte d’un commissariat, d’une gendarmerie.

    Se pose la question de la légitimité de la parole de la victime devant la justice, lorsqu’un dépôt de plainte est enregistré. Quelle place lui est accordée dans notre société basée sur la culture du harcèlement, du viol, du déni ? La justice se fonde sur des faits, des preuves établies. Rien n’est moins facile ! Elle ne tolère pas les trous de mémoire, les rétractations sous la pression. La victime doit se justifier, fournir des preuves (s’il y en a), recueillir des témoignages, dans les cas de harcèlement ; d’autres victimes n’oseront pas témoigner par peur de perdre leur travail.

    Selon une étude récente, seule une victime sur cinq va se confier à la police. On voit bien que parler, c’est pas simple ! Souhaitons ardemment que cette campagne « Arèt lève la min dsi mwin » aide les victimes, non seulement de violences conjugales, mais toutes les autres, à briser le silence : celles qui sont harcelées, violées... Il n’y a rien de pire que le silence !

    Le «manifeste pour l’imprescriptibilité des crimes sexuels » porté par Muriel Salmona, spécialiste des psychotraumatismes, qui a obtenu l’adhésion des structures associatives et du grand public, a été présenté à Marlène Schiappa, le 20 octobre. Les victimes ont besoin de cette loi.


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