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L'Ubérisation du métier d'enseignant
L'Uberisation du métier d'enseignant
Face au manque cruel d’enseignants, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de mettre les bouchées doubles en embauchant à tour de bras, à la pelle, en parant au plus pressé. Le processus de recrutement des contractuels a de quoi interroger. « Insupportable. Inacceptable. Impardonnable » : telle est la réaction d’une députée. J’ajouterais : hallucinant.
Ainsi, pour enseigner, point n’est besoin d’avoir réussi au concours (qui, soit dit en passant, est extrêmement sélectif) ou d’une formation spécifique. Une licence suffit (je suppose dans n’importe quel domaine), et aucune expérience auprès des enfants n’est exigée. Pas même un brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA). À noter qu’il faut tout de même un casier judiciaire vierge (non réclamé pour exercer une fonction politique).
Après un job dating express d’une trentaine de minutes (relaté dans une vidéo par une journaliste de BFM), les futurs enseignants reçoivent des propositions pour enseigner dès la rentrée. Askiparé, on leur réserve une formation de ... 3 jours. Autant dire les envoyer au casse-pipe, si ce n’est au burn-out d’emblée. La situation serait risible si elle n’était pas si dramatique.
À quoi ça sert d’avoir une formation ? Ou comment dévaloriser le métier d’enseignant déjà si difficile. Le pire c’est le sort réservé aux enfants. Quand on connait le taux d’échec scolaire qui ne faiblit pas. Et que, dans la formation initiale (ça c’était avant), il y a peu ou pas de modules consacrés au développement de l’enfant. Que fera l’enseignant sans formation, quand il sera confronté aux enfants en difficulté ? La bonne volonté ne suffit pas. Le métier s’apprend. La compétence ne se décrète pas, elle s’éprouve.
Le postulat du gouvernement étant : « Un professeur devant chaque classe ». Oui, mais pas à n’importe quel prix. Il s’agit de l’avenir des enfants. Mi dirais en kréol réunionnais : « pov marmailles ! » Ou sa ni sava konm sa ?
Tags : enseignant